Emmaus International

Dès 1954, l’abbé Pierre arpente la France entière et l’Europe (Belgique, Italie) puis le monde, et s’engage dans une lutte internationale contre la misère, sous toutes ses formes. Partout, il multiplie les conférences et rencontres avec le public, les autorités civiles et religieuses. Inlassablement, il raconte l’histoire d’Emmaüs, en explique les valeurs et les actions devant des auditoires conquis et interpelle chacun quant à ses devoirs de citoyen de son pays et du monde. Parfois, ses interlocuteurs mènent déjà une action proche de celle d’Emmaüs et rejoignent le Mouvement ; dans d’autres cas, la conférence suscite une initiative locale de personnes qui, se retrouvant dans les valeurs et pratiques de solidarité d’Emmaüs, rejoindront le Mouvement.

En 1963, une onde de choc ébranle les groupes Emmaüs existant déjà dans plus d’une dizaine de pays. À bord du « Ciudad de Asunción » qui fait naufrage dans le Río de la Plata entre l’Uruguay et l’Argentine, l’abbé Pierre tout d’abord annoncé comme mort dans la presse internationale, survit finalement à cette catastrophe. Il réalise alors qu’il est le seul lien, avec Lucie Coutaz, entre les groupes Emmaüs du monde entier, et décide d’organiser leur rencontre. L’abbé Pierre multiplie dès lors les voyages auprès des leaders d’Emmaüs de l’époque pour échanger avec eux et les convaincre de convoquer une première assemblée mondiale. Il demande à son retour à Jean Hossenlopp, alors membre du Secrétariat international d’Emmaüs, de préparer l’élaboration d’un texte fondamental ainsi que l’annuaire mondial d’Emmaüs. Il propose également à 5 membres expérimentés du Mouvement : José Aravena (Chili), Marcel Farine (Suisse), Robert Laporte (Canada), Robert Vallade (Japon) et Jean Wilken (Hollande) de se constituer en « Conseil provisoire » pour l’aider à jeter les bases d’une « organisation internationale du mouvement ».

 

Du plan d’action présenté par le Conseil provisoire, il faut retenir l’organisation d’une première « rencontre mondiale du Mouvement Emmaüs » les 24 et 25 mai 1969. A la demande de l’abbé Pierre, la Fédération Emmaüs de Suisse accepte d’accueillir cette Assemblée. Elle en assure par ailleurs l’organisation et la présidence. Le Gouvernement suisse offre alors, pour 3 jours, à la Pentecôte 1969, le Palais fédéral à Berne.

Les organisateurs de cette première rencontre mondiale ont fait de la co-construction le ciment de cet événement. En effet, tous les groupes Emmaüs à travers le monde sont invités à proposer des enrichissements au projet du texte fondamental. Des suggestions et propositions de modifications sont parvenues au Conseil provisoire, témoignant de l’intérêt porté par les groupes à cette cause commune.

Cette Assemblée internationale représente pour l’abbé Pierre une joie et une grande espérance alors que le Mouvement Emmaüs entre dans sa vingtième année d’existence. Rassemblant des personnes de « toutes conditions, races et langues, qui n’avaient qu’un lien essentiel entre eux : un choc intérieur ressenti par tous à la vue de ces travailleurs meurtris, retrouvant raison et joie de vivre en se voulant sauveurs des plus souffrants », cette assemblée fut dominée par le témoignage passionné de la justice, pour l’urgence dramatique de l’éducation de conscience sociale de tous les peuples.

Les personnes présentes lors de cette rencontre adoptent le Manifeste universel comme texte fondateur du Mouvement et convinrent que sa publication serait accompagnée de celle des documents d’action propres à chaque branche Emmaüs, dont « l’ampleur et la force furent pour les délégués qui se rencontraient pour la première fois, une découverte et un enseignement ». Elles nomment également un Comité central international // Comité provisoire chargé de constituer un Secrétariat international Emmaüs, prenant la relève de celui dont Lucie Coutaz assumait jusqu’alors la charge. Habilité pour deux ans, ce Secrétariat international s’établit à Montréal grâce à la générosité d’Emmaüs Canada. Sa tâche principale fut de « resserrer les liens unissant les divers groupements, coordonner les efforts et renseigner sur tous les problèmes qui se posent en vue d’une aide efficace aux plus souffrants ».

Cette première « Rencontre mondiale » convoque une nouvelle « Assemblée générale » en 1971 à Montréal afin de constituer Emmaüs International en association et adopter ses statuts.

La 13ème et dernière Assemblée mondiale en date s’est tenue en avril 2016 à Jesolo en Italie.