Emmaus International

Cette expression, placée par l’abbé Pierre en exergue de son curriculum vitae de 1967, est un véritable fil rouge : elle nous donne le but ultime de ses multiples combats à l’échelle de la planète, sa vie durant, dont beaucoup lui ont valu une renommée internationale et sont à redécouvrir.

 

thumb abbe-pierre-militant-federaliste-mondialMilitant fédéraliste mondial

Dès 1947, l’abbé soutient l’idée d’une autorité supranationale qui s’impose aux États. Il s’engage activement dans divers courants du fédéralisme mondial. Durant 4 ans, il préside le comité exécutif du Mouvement universel pour une confédération mondiale jusqu’en 1952.

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Dès l’enfance, l’abbé Pierre découvre la diversité des cultures et les problèmes internationaux ; expérience approfondie comme aumônier de jeunes ouvriers puis dans la Résistance.
La paix revenue, il rejoint ceux qui cherchent le moyen d’éviter une troisième guerre mondiale par l’établissement d’un gouvernement supranational, s’imposant aux États : le fédéralisme mondial.

Le 19 juin 1947 il fonde, avec 80 députés, le groupe parlementaire fédéraliste français.

Deux mois plus tard, il participe à Montreux (Suisse) au congrès constitutif du Mouvement universel pour une confédération mondiale (M.U.C.M.) présidé par John Boyd Orr, prix Nobel de la paix 1949. Il est élu vice-président puis président du comité exécutif.

Cette fonction l’amène à parcourir le monde pour promouvoir les idées fédéralistes. Il rencontre ainsi les plus hautes personnalités : Albert Einstein (membre du M.U.C.M.) aux États-Unis en 1948, le Pape Pie XII au Vatican, les dirigeants indiens disciples de Gandhi et bien d’autres.

Après quatre ans qui le passionnent, l’abbé Pierre passe la main en 1952 pour se consacrer principalement à Emmaüs.

thumb engagement-federaliste-mondial-europeenPlus de 50 ans d’engagement fédéraliste mondial et européen…

Outre le M.U.C.M. devenu Mouvement universel pour une fédération mondiale (M.U.F.M.), l’abbé Pierre fut fondateur, dirigeant ou simple adhérent de nombreuses organisations fédéralistes, mondiales ou européenne.

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Notamment : Union européenne des fédéralistes, Union parlementaire européenne (U.P.E.), Union interparlementaire, Association de la presse fédéraliste mondiale, Conférence parlementaire pour une confédération mondiale, Union fédéraliste mondiale (U.F.M.), Citoyens du monde…

En 1950 à Genève, il participe à la première réunion du Conseil mondial pour l’Assemblée constituante des peuples (A.C.P.).

L’abbé Pierre reste fidèle au fédéralisme mondial jusqu’à la fin de sa vie. En 1997, il est toujours adhérent et membre du comité d’honneur des Fédéralistes mondiaux, Organisation française du Mouvement fédéraliste mondial. Le 27 novembre 1999, dans un message à la conférence Passer de la mondialisation sauvage à la mondialisation institutionnelle, il renouvelle son engagement mondialiste de la première heure.

thumb engagement-pacifiste...et d'engagement pacifiste

contre la guerre et la violence, pour la reconnaissance de l’objection de conscience, contre l’armement nucléaire

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Bien qu’ancien Résistant et membre de la commission de la défense nationale, le député abbé Pierre intervient dès novembre 1947 pour la reconnaissance d’un statut de l’objection de conscience. En décembre 1949, il est l’un des auteurs du premier projet de loi pour la création d’un service civil des objecteurs de conscience : un long combat qui aboutira en décembre 1963.

En 1948, il rencontre à Paris Habib Bourguiba, militant clandestin pour l'indépendance de la Tunisie. Il discute avec lui de la possibilité de parvenir à l'indépendance sans la guerre, ce qui sera réalisé en 1956.

En décembre 1948, il soutient publiquement Garry Davis, le premier Citoyen du monde, lors de l’assemblée générale de l’O.N.U. à Paris ; peu après, le député abbé Pierre se déclare Citoyen du monde.

La liste des mouvements pacifistes dont il est membre ou qu’il soutient est très longue. Citons notamment : Action civique non violente, World Peace Brigade for Non-Violent Action,  Comité pour la défense de la liberté et du droit, International Confederation for Disarmament and Peace, Mouvement international de la réconciliation (M.I.R.), Union pacifiste de France (affiliée à l’Internationale des résistants à la guerre).

En juin 1962, ses amis dirigeants de l’Inde l’invitent à la convention contre l’armement nucléaire organisée à Delhi par la Gandhi Peace Foundation. Il y rencontre en privé M. Rada Krishnan, président de l’Union indienne, ainsi que ses prédécesseur et successeur.Quelques faits montrent la dimension universelle de sa renommée dans ce domaine :

  • De mars à mai 1960, il visite les colonies françaises d’Afrique subsaharienne en pleines luttes d’indépendance (Centrafrique, Cameroun, Gabon, Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal) ; il y rencontre tant les défenseurs du statu quo que les militants de l’indépendance, dont quelques-uns sont ses amis. Il assiste en invité officiel aux Fêtes de l’indépendance du Togo le 27 avril.
  • En avril 1962, l’organisation Uhuru – Africa Freedom Action basée à Dar es Salam le sollicite pour soutenir la lutte pour la liberté et la démocratie en Afrique centrale, et notamment pour protéger la liberté de mouvement du futur président de la république du Tanganyika.
  • En juin 1962, ses amis dirigeants de l’Inde l’invitent à la convention contre l’armement nucléaire organisée à Delhi par la Gandhi Peace Foundation. Il y rencontre en privé M. Rada Krishnan, président de l’Union indienne, ainsi que ses prédécesseur et successeur.
  • En 1963, la section israélienne de War Resisters International propose la candidature de l’abbé Pierre pour le comité exécutif de l’organisation.
  • En 1967, après une intervention remarquée à la conférence de Stockholm sur le Vietnam, on le sollicite pour faire partie du comité de suivi ; il refuse par manque de temps.
  • En 1971, le conflit entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental fait peser la menace d’une 3e Guerre mondiale et amène plusieurs millions de réfugiés en Inde. L’abbé Pierre est l’un des trois invités officiels français à une conférence internationale convoquée à New Delhi par le gouvernement indien ; de retour en France, il lance un appel aux 38 000 maires de France pour la création de jumelages entre villes ou communes françaises et des camps de réfugiés bengalis en Inde.
  • En 1991, à deux reprises, l'abbé Pierre lance un appel pour la paix et contre la guerre dans des lettres adressées aux présidents Georges Bush et Saddam Hussein lors de la Guerre du Golfe.
  • En 1995, il visite le mémorial Yad Vashem à Jérusalem en compagnie de Bernard Kouchner, alors député européen. Puis il se rend à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), sous les bombardements de la ville assiégée depuis 3 ans par les forces serbes : il y exhorte les nations du monde à intervenir d'urgence pour faire cesser les massacres.

 

 

thumb abbe-pierre-nations-unies-1947...jusqu'aux Nations Unies

En décembre 1947 à Genève l’abbé Pierre participe, comme vice-président du comité exécutif du M.U.C.M., à la seconde session de la Commission des droits de l’homme des Nations unies pour la rédaction de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Il y rencontre notamment Mme Roosevelt et M. Bogomolov, ambassadeur de l’U.R.S.S.

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En décembre 1959, au retour de son voyage en Amérique latine, il s’entretient avec les fonctionnaires du B.I.T. à Genève sur les conditions de l’aide au développement des populations aborigènes en milieu andin, ainsi que les conditions d’un volontariat de la jeunesse.

En mai 1965, il fait une intervention remarquée au colloque L’adaptation de l’O.N.U. dans le monde d’aujourd’hui organisé à Nice par l’Association pour le développement du droit mondial, en présence du sous-secrétaire des Nations unies.

Le 14 septembre 1999, invité par l’UNESCO, l’abbé Pierre intervient à la cérémonie de lancement de L’année internationale de la culture de la paix.

 

Des combats politiques multiples en France et dans le monde...

thumb contre-les-dictatures-pour-la-democratieContre les dictatures et pour la démocratie

Septembre 1973 : Dans les jours qui suivent le coup d'État du général Pinochet au Chili, deux responsables de Las Urracas-Emaús à Temuco sont arrêtés. Emmaüs International mobilise ses membres dans divers pays pour sauver la vie de ces compagnons chiliens.

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L'abbé Pierre se rend au Chili, rencontre les autorités militaires en arborant ses médailles et obtient la libération des deux responsables contre leur exil à vie.

1990 : Albert Tévoédjrè et Mgr Isidore de Souza, deux amis béninois d’Emmaüs et acteurs majeurs du retour du Bénin à la démocratie après 17 ans de dictature, demandent à Emmaüs International de soutenir concrètement les acteurs de la société civile pour l’aide aux plus pauvres. Emmaüs International et d’autres ONG lancent une campagne « pour le renouveau démocratique au Bénin » à laquelle l’abbé Pierre s’associe.

thumb abbe-pierre-contre-dictature-argentContre la dictature de l'argent

Septembre 1988 : l'abbé Pierre et les 254 délégués présents à la 6e Assemblée générale d'Emmaüs International (Vérone, Italie) adressent une lettre au Fonds Monétaire International, alors réuni à Berlin.

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En pleine crise de la dette extérieure des pays du Tiers-Monde, ils interpellent le FMI sur les politiques d’ajustement structurel qu’il impose aux pays endettés et qui se traduisent par des coupes sombres dans les budgets sociaux.

 

thumb contre-la-faim-dans-le-mondeContre la faim dans le monde

Le 1er juillet 1960, les Nations unies lancent la Campagne mondiale contre le faim. Ami de trois présidents successifs de la F.A.O., l’abbé Pierre est l’une des personnalités qui lancent la campagne en France.

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Dans ce cadre, il prononce d’innombrables conférences à travers la France, souvent à la demande d’autres organisations impliquées dans la campagne.

Le 14 mars 1963, l’abbé Pierre est l’une des 29 personnalités de renommée mondiale invitées à Rome à l’Assemblée spéciale de la FAO sur le droit de manger à sa faim, et signataire du Manifeste proclamant le droit de manger à sa faim.

 

18Pour le droit de tous à un logement digne

1990 : l’abbé Pierre apporte son soutien aux familles expulsées qui campent place de la Réunion à Paris. Il participe ainsi à la création de l’association Droit au logement qui réquisitionne des immeubles inoccupés pour reloger des personnes sans-logis. Jusqu’à sa mort, l’abbé apporte son soutien à cette organisation.

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1991 : avec l'appui d'éminentes personnalités telles que les professeurs Albert Jacquard et Léon Schwarzenberg, présents lors de l'installation des tentes, l’abbé Pierre soutient 102 familles africaines qui ont squatté un terrain quai de la Gare à Paris. Il intervient en leur faveur auprès de toutes les autorités concernées.

Juillet 1992 : promu grand officier de la Légion d’honneur, l’abbé Pierre refuse de recevoir et porter cette distinction, en protestation contre l’absence d’une véritable politique du logement pour les personnes défavorisées. Ce refus est à l’origine de la création du Haut comité pour le logement des défavorisés, rattaché aux services du Premier ministre.

1995 : Il interpelle de nouveau les élus français sur la question du droit au logement.

Le 24 janvier 2006, il se rend à l’Assemblée nationale française et interpelle les députés en pleine discussion du projet de loi pour un engagement national pour le logement.

droit-asile-accueil-sans-papiersPour le droit d'asile, l'accueil des sans-papiers

Mai 1991 : l’abbé Pierre jeûne deux jours avec les déboutés du droit d’asile en grève de la faim à l’église Saint-Joseph de Paris.

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Lire son interview, en français, dans la revue Plein Droit n°15-16 du Gisti

1996 : L’abbé Pierre soutient les sans-papiers qui occupent les églises Saint-Ambroise puis Saint-Bernard à Paris.

 

Juillet-août 1959 : lors de son premier voyage en Amérique latine, l’abbé Pierre est reçu par de très hautes personnalités, politiques et religieuses. Le président de l’Équateur lui décerne le grade d’officier dans l’Ordre national du mérite.Une renommée internationale

Décembre 1958-janvier 1959 : lors de son premier voyage en Inde, l’abbé Pierre est l’un des orateurs invités au congrès national des étudiants des universités catholiques  à Bombay. Il rencontre le Premier ministre, Nehru, qui délivre un message de soutien au volontariat international d’Emmaüs.

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Il accompagne Vinoba Bhave, disciple de Gandhi et artisan du partage des terres, dans une marche de visite à des villages reculés du Gujarat ; dans son édition du 15 janvier 1959, le Statesman de Delhi qualifie l’abbé Pierre de ‘A French Vinoba’.

Janvier 1959, lors de l’escale à Beyrouth, l’abbé Pierre prononce une nouvelle conférence. Conquis, le ministre de l’Intérieur et des Affaires sociales le décore de la médaille du Mérite libanais de 1ère classe.

Juillet-août 1959 : lors de son premier voyage en Amérique latine, l’abbé Pierre est reçu par de très hautes personnalités, politiques et religieuses. Le président de l’Équateur lui décerne le grade d’officier dans l’Ordre national du mérite.

Parmi les prix et distinctions honorifiques étrangers, l’abbé Pierre reçoit notamment en 1975 la médaille d’or Albert Schweitzer décernée par la Johann Wolfgang von Goethe-Stiftung de Bâle ; en 1991 le prix Balzan pour l’humanité, la paix et la fraternité entre les peuples ; en 1995 le prix international Alfonso Comín, pour sa lutte sans défaillance en faveur des marginaux ; en 1996 le prix de la paix et de la solidarité ‘Giorgio La Pira’…

La plupart de ces distinctions honorent son action en faveur de la paix ainsi que sa lutte contre la misère.

thumb ferment-eglise-catholiqueFerment au sein de l’Église catholique

L’abbé Pierre entretient des liens d’amitié personnels avec plusieurs acteurs du concile Vatican II, en premier lieu avec Mgr Angelo Roncalli, nonce apostolique à Paris au début des années 1950 et futur pape Jean XXIII.

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Dès la 2e moitié des années 1950, leur combat commun en faveur des plus pauvres le rapproche de deux évêques : dom Hélder Câmara au Brésil et Mgr Georges Mercier, évêque des oasis du Sahara algérien qui œuvrent en ce sens au concile Vatican II.

 

thumb dialogue-inter-religieuxDialogue inter-religieux

À une époque où cela était encore très rare, il noue à la fin des années 1950 de solides amitiés hors des frontières de l’Église catholique et du christianisme.

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En particulier :

  • avec le pasteur André Trocmé, lui aussi engagé dans le fédéralisme mondial et dirigeant, avec sa femme Magda, du bureau européen du Mouvement international de la réconciliation (M.I.R.) ;
  • avec Vinoba Bhave, dont la rencontre est l’un des événements majeurs de sa vie dans le domaine spirituel.
Le 25 juin 2000 puis le 11 septembre 2002, il participe à Genève à des cérémonies inter-religieuses pour la paix, aux côtés de représentants des communautés catholique, protestante, orthodoxe, juive, musulmane, bouddhiste, baha’i s’associant à l’Appel spirituel de Genève.