Emmaus International

Présents lors de l’Assemblée mondiale 2016, les artistes EvazéSir, du collectif Norulescorp, se sont chargés, pendant une semaine, de faire « parler autrement » les participants de la rencontre à travers une fresque participative et la découverte du street art.

Eva et Cyril, les artistes d’EvazéSir, n’en sont pas à leur premier rendez-vous avec le mouvement Emmaüs. Ils étaient déjà partis à la communauté d’Emmaüs en Indonésie pour partager leur travail de création, ils étaient également présents à Calais, en décembre 2014, pour fabriquer des banderoles avec les migrants de la « jungle » lors de la marche organisée par Emmaüs contre le mur de la honte. Pour eux, être à Jesolo était une évidence, « la collaboration avec Emmaüs ? Ce sont avant tout des convictions que l’on partage, des liens humains, des rencontres qui se font par d’autres moyens que les débats et les discours. Nous arrivons avec nos pots de peintures et nous proposons des échanges humains ; ça nous permet d’aller au-delà de la langue, on peut communiquer avec n’importe quelle personne, nous apportons des images et des réflexions pour faire participer les gens, nous les faisons intervenir avec nous. »

Artistes peintres résidents à Paris, ils font du street art depuis longtemps, ils voyagent souvent et développent une pratique de création collective et accessible à tous. L’expérience de l’Assemblée mondiale 2016 supposait, en ce sens, un travail en amont de récupérations de portes en bois des Emmaüs italiens pour faire, par la suite, un travail de création collaboratif et participatif durant l’Assemblée mondiale, « les portes sont des dons que nous allons rendre après car les portes vont être redistribuées dans les Emmaüs italiens que l’on a rencontré et que l’on a visité. »

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Le travail créatif  sur les portes est chargé d’images symboliques qui rassemblent. La fresque montre un robinet d’où sort une quantité de poissons, puis l’on observe des personnes en action de revendication, ou pas, car on voit également un personnage assis sur son fauteuil, « c’est un côté passif, comme dans la vie,  quelqu’un qui regarde le monde qui bouge, et puis d’autres qui sont actifs, qui sont en lutte ! ». Pourquoi les poissons ? « Parce que nous sommes près de la mer, et que les poissons aussi vivent en communauté, d’un même départ, d’une même pensée, mais l’idée est que tout le monde puisse dessiner son propre poisson, avec sa petite touche personnelle. Aussi, les poissons vivent dans un territoire où ils n’ont pas de frontières.»

À la question sur la place de l’art et de la création dans les processus de réflexions et d’actions pour changer le monde, ils répondent sans détour : « il faut que dans l’art il y ait un engagement, un message pour que l’on puisse faire avancer les choses, c’est le premier but de l’art. Faire de l’art dans la rue c’est aussi pour interpeller les gens ;  les gens se rapprochent, on en parle, on échange différemment que dans une plénière. Tout le monde n’ose pas parler, c’est une autre façon d’aborder l’humain. L’art est aussi un provocateur de lien social. »

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