Emmaus International

José HOUNSA est chargé du suivi de l’exploitation des ouvrages d’eau et d’assainissement, dans le cadre du programme Nokoué, au Bénin. En novembre, il a effectué une tournée de communautés Emmaüs en France, pour mieux connaître leur fonctionnement associatif et l’organisation du travail des Compagnes et des Compagnons.

José, programme Nokoué

Quel est l’objectif de ta venue en France ?

En tant que chargé du suivi de l’exploitation des ouvrages d’eau et d’assainissement, sur le lac Nokoué, je coordonne la vie associative et m’assure du bon fonctionnement et de la bonne gestion des infrastructures.
L’objectif de ma venue en France est de prendre contact avec les groupes Emmaüs, pour étudier leur organisation, et faire le parallèle avec l’organisation de notre association sur le lac Nokoué. Peut-être pourrons-nous répliquer certaines bonnes pratiques.

Qu’as-tu découvert de la vie associative Emmaüs en France ?

Je constate que le travail est bien organisé, et qu’il y a beaucoup de rigueur.
J’ai aussi remarqué que la responsabilité est participative. Alors que je m’attendais à voir des chefs, des bureaucrates, je constate que tout le monde participe au travail, quel que soit son statut au sein de l’association. Les responsables sont directement impliqués dans l’activité de terrain. La responsabilité ne dédouane pas de participer concrètement à l’activité, ce qui peut être le cas chez nous… Enfin, je vois que tout le monde se donne à fond, tout au long de la journée. Chacun travaille réellement à fond pendant 8 heures. Ça bouge tout le temps ! 

Quels échanges as-tu eu avec les Compagnes et les Compagnons ?

J’ai travaillé avec les Compagnes et les Compagnons et participé à beaucoup d’activités : la vente, le tri, le chargement et le déchargement. Nous sommes également allés en ville collecter des meubles.
Ces échanges m’ont permis de réaliser que nous avions beaucoup de points communs. D’abord, l’amour du travail, et la volonté de s’y consacrer à fond. Dans les communautés comme sur le lac Nokoué, on ne compte pas nos heures, ni notre investissement !
Ensuite, le fait que ces personnes qui sont d’anciens exclus ne se sentent plus marginalisées, grâce au soutien d’Emmaüs. C’est pareil pour nous sur le lac Nokoué. Alors que nous étions exclu-e-s sans accès à l’eau potable et à l’assainissement, Emmaüs International nous a permis de recouvrer nos droits, et en particulier le droit à l’eau. Tout cela me fait me sentir dans la dynamique d’Emmaüs.

Quel type de solidarité as-tu vu ?

La solidarité est partout, c’est une vraie solidarité agissante !
Entre les Compagnes et les Compagnons, entre les Responsables, entre les Compagnons et les Responsables. Sans solidarité, il n’y a pas de travail possible. Le programme Nokoué s’appelle officiellement le PCSEN, qui veut dire « Programme Citoyens Solidaires pour l’Eau à Nokoué ». Pourtant, la solidarité entre les citoyen-ne-s manque parfois. Une fois de retour au Bénin, j’aimerais réussir à valoriser l’importance de cette solidarité, mais j’ai conscience que tout changement nécessite du temps. Je pense que ce changement de comportement et l’acquisition de bonnes pratiques passera par le « faire faire » : donner des tâches à faire aux personnes dans un temps imparti, les rendre responsables et autonomes dans leur exécution, et en assurer le suivi.

Que retiens-tu de cette immersion ?

C’est une expérience très enrichissante, et je pense qu’Emmaüs International a vu juste en me proposant de faire cette immersion en France pour mieux connaître le fonctionnement des associations ici.
Le programme Nokoué a largement été financé par les contributions des associations Emmaüs du monde, et je suis heureux de voir la source de ce financement. Même si peu de Compagnes et de Compagnons ont eu la chance de venir au Bénin constater les avancées du programme Nokoué, ils sont tous informés, et beaucoup d’entre eux ont travaillé pour générer des ressources pour le programme.
J’ai pu constater que les Compagnes et les Compagnons étaient d’anciens exclus, qui aidaient d’autres exclus, et qui avaient mis leur force, leur travail et leur intelligence au service du programme Nokoué.

Cela me responsabilise encore davantage, et me pousse à vouloir faire avancer chaque jour un peu plus l’association locale.

Pour en savoir plus sur le programme Nokoué :