Emmaus International

Les dirigeants des 28 pays de l'Union européenne se sont réunis à Bruxelles les 28 et 29 juin, pour dresser les grandes lignes d'une politique migratoire européenne résolument tournée vers le refoulement le plus dur.

Alors que Bruxelles s'engage fermement pour la fermeture des frontières, les groupes Emmaüs présents en Europe s'alarment et témoignent de la perte de l'âme de l'Union européenne qu'ils constatent au quotidien sur le terrain.Réunis en Bosnie Herzégovine et en Croatie, ils ont pris la parole pour dénoncer ce positionnement des Vingt-Huit, et rappelé les principes d'accueil inconditionnel et de liberté de circulation prônés par Emmaüs.

Des groupes membres d'Emmaüs Europe se sont réunis en Bosnie Herzégovine et en Croatie et témoignent de la perte de l’âme de l’Union européenne qu’ils constatent au quotidien sur le terrain. 

Aujourd'hui, l’Union européenne :

- Elabore un droit européen qui ne respecte pas les droits de l’Homme et le droit international

- Ne réagit pas aux violations faites aux droits fondamentaux par les Etats-membres- Fait la guerre aux personnes en situation de migration

- Emprisonne dans des centres de rétention administrative 

- Transforme les frontières en murs de barbelés

- Classifie humainement les personnes qui migrent pour des raisons économiques en les opposant à celles qui demandent une protection au titre du droit d’asile

- Accepte la libre circulation des marchandises et des capitaux mais refuse celle des êtres humains

- Criminalise les associations et les citoyens européens qui aident les personnes en situation de migration

- Perd le sens de la démocratie et de ses responsabilités en externalisant les demandes d’asile  - Mène une politique migratoire qui met en place des centres de tri et des camps d’enfermement

- Justifie sa politique migratoire meurtrière comme un rempart contre l’extrême droite, alors que le discours anti-migrants ne fait que renforcer celle-ci…

- Passe des accords bilatéraux avec des pays tiers pour contrôler le droit à migrer de leurs ressortissants. Ces derniers sont réprimés et leur accès au droit d’asile est remis en cause. L’externalisation suit une logique de délocalisation, de sous-traitance, de privatisation et de déresponsabilisation

- Passe des accords informels en marge de tout processus législatif et démocratique.

Il n'y a pas de crise migratoire, mais une crise de l'accueil qui devient une crise de conscience

Emmaüs met en œuvre depuis 1954 un accueil inconditionnel dans 298 groupes européens répartis dans 19 pays européens rappelle qu’aucun être humain n’est illégal et demande :- Le respect de l’article 1 de la déclaration des droits de l’Homme qui rappelle que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » et de l’article 13 qui dispose que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état et que toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays »

- La fin du règlement Dublin et le respect de la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés

- La fin de tous les traitements inhumains et dégradants qui sont infligés aux personnes en situation de migration 

- L’accueil systématique des bateaux de sauvetage dans tous les ports européens 

- La consultation directe et l'implication des migrants dans l'élaboration des politiques et des pratiques migratoires futures. Ils sont, après tout, des « experts à travers l'expérience »- L’arrêt définitif des négociations sur la création des centres d’enfermement des migrants, débutées entre les 28 Etats la nuit du 28 au 29 juin 2018.

- La promotion de la paix de la part de l’Union européenne. Ce faisant, elle condamne les conflits et promeut des actions contre le commerce des armes.

Face aux dérives de notre société, il est urgent d’exiger la mise en œuvre effective de la DUDH et de porter son idéal au travers nos actions. Les droits de l’Homme doivent être garantis à chacun en Europe et dans le monde entier.

Osijek, 22 June 2018

 

Pour aller plus loin, lisez notre article qui prône une politique alternative des migrations.

© Photos : Rasande Tyskar et Gustave Deghilage