Emmaus International

Alors que prend fin le Forum pour la Paix qui s’est tenu les 12 et 13 novembre à Paris, il est utile de rappeler le contexte régional africain dans lequel les acteurs de la solidarité agissent au quotidien, ainsi que les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

DECLARATION DU CONSEIL REGIONAL AFRIQUE D’EMMAÜS INTERNATIONAL
Ouagadougou, Burkina Faso, 16-18 octobre 2019

Le conseil régional, analysant la situation socio-économique et politique dans les pays où sont présents les groupes d’Afrique membres d’Emmaüs International relève :

  • Le continent Africain, et particulièrement les pays où vivent les groupes membres d’Emmaüs International regorgent d’énormes richesses tant au plan agricole que minier, capables d’assurer une vie digne aux populations si elles étaient exploitées à leur bénéfice.
  • Les richesses (coton, sésame, arachide, or, diamant, zinc, pétrole, cobalt, etc.) des pays du continent Africain sont exploitées par des entreprises étrangères, avec des avantages accordées dans les codes des investissements octroyés par les pays aux dites entreprises. Ainsi, nos pays sont utilisés comme sources de matières premières pour le développement des industries des puissances étrangères, qui tirent le maximum de profit sans une retombée conséquente sur les populations locales. Ces puissances étrangères sèment l’instabilité politique en fomentant des conflits et autres guerres ici et là afin de continuer de piller ces ressources : la République Démocratique du Congo (RDC) en est un exemple patent.
  • L’inflation, la pauvreté et la précarité est grandissante au sein des masses fondamentales que sont les paysans, les ouvriers, etc. Pour eux, l’accès aux soins de santé, à la nourriture, à l’éducation est de plus en plus hypothétique. Le système libéral capitaliste, dominant dans nos pays avec l’appui de leurs alliés locaux au pouvoir, continue d’exploiter les travailleurs, paysans, etc.
  • Le recul notoire des espaces démocratiques (exclusion et/ou suppression d’espaces de débat), aggravé par les risques de répression et de fascisation des pouvoirs en place dans le seul but de se maintenir à vie.
  • La tenue d’élections futures qui cristallise les tenants actuels du pouvoir, qui cherchent d’avantage à dominer qu’à œuvrer pour la société. Les campagnes politiques reposent sur des mensonges et tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir.
  • L’existence de forces positives, qui s’organisent, descendent dans les rues pour réclamer plus de paix, de démocratie, de liberté d’expression, d’accès aux droits fondamentaux tels que prescrits dans la charte universelle des droits de l’homme.
  • Le terrorisme est une réalité et une menace permanente pour la paix et provoque d’importants déplacements de populations. Ainsi, au Burkina Faso où les attaques sont quasi quotidiennes, le Ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l'Action humanitaire, estime que 486 000 personnes se sont déplacées pour les centres-villes et qu’environ 800 000 personnes sont affectées par ces attaques.

Dans un tel contexte socio-économique et politique hostile, les groupes Emmaüs d’Afrique rencontrent d’énormes difficultés à renforcer leurs activités quotidiennes.

Emmaüs International réaffirme à cette occasion que la recherche de la Paix, en Afrique comme dans le reste du monde, implique nécessairement de réelles avancées dans le sens de ses trois combats :

  • Une économie éthique et solidaire, pour l’accès aux droits fondamentaux
  • La justice sociale et environnementale, pour un monde durable
  • La paix et la liberté de circulation et de résidence, pour une citoyenneté universelle