Emmaus International

La pandémie du Covid-19 va impacter durablement le Mouvement et le monde en général. En cette période de crise, Emmaüs International souhaite vous donner à comprendre les contextes de vie actuels des groupes, leurs difficultés mais aussi la vie des communautés qui continue malgré tout, et les actions envers les plus exclu.e.s qui se maintiennent ou se mettent en place pour ne pas perdre le fil de notre raison d’être : servir premier le plus souffrant.

>> Retrouvez notre position générale sur la crise actuelle

Récits de terrain !

Si le travail cesse peu à peu dans les différents pays, les groupes Emmaüs sont mobilisés et la vie continue dans les communautés. Ainsi, ils continuent à regarder autour d'eux et à ne pas oublier ceux qui souffrent le plus. Un peu partout, des initiatives se mettent en place ou se maintiennent pour garantir la solidarité du Mouvement Emmaüs. Voici quelques exemples de ce qui se passe aux 4 coins du monde :

 

Les Ateliers du Bocage  (France) 

La Coopérative les Ateliers du Bocage est une entreprise d’insertion dont l’expertise en matière de tri et de réemploi est reconnue depuis plus de 25 ans par de nombreux partenaires. En période de confinement les outils numériques sont indispensables : travailler à distance, assurer la continuité pédagogique, rester en contact avec ses proches, effectuer ses démarches administratives... Mais qu’en est-il pour les plus démunis ? "Cette crise sanitaire, par le confinement imposé, a été révélatrice de l’exclusion numérique de masse qui continue d’isoler les publics défavorisés et plus fragiles. Ainsi, des enfants sont entravés dans leur droit fondamental à l’éducation, des seniors se retrouvent isolés, dans l’incapacité de communiquer et de garder le lien avec leurs proches... Plus d’un tiers des foyers à faible revenu n’ont pas accès au matériel informatique nécessaire" peut-on lire sur la page Facebook de la coopérative. Pour gommer les inégalités de la fracture numérique, les Ateliers du Bocage viennent en aide aux personnes en grande exclusion numérique. Pendant le confinement et encore maintenant, ils ont livré à des associations locales des téléphones, ordinateurs portables et unités centrales avec écrans. 

 

AEP  (Liban) 

Les bénéficiaires de l’AEP sont parmi les personnes les plus pauvres et vulnérables de la société libanaise. Compte tenu de leurs conditions de vie et de leur emploi, ces familles ont souvent un risque plus élevé de contracter le virus que le reste de la population. « Ces personnes sont aussi les plus vulnérables économiquement, car elles ont peu ou aucune économie leur permettant de surmonter la période de crise économique sévère que nous traversons au Liban » raconte Camille Chedid, Président de l'AEP. « Suite à la décision du gouvernement de prendre des mesures sanitaires strictes pour contenir la pandémie et permettre à son système de santé de résister, l’AEP a décidé de suspendre son activité et ses opérations d’octroi de crédits, de visites de terrain et d’assistance technique. Par conséquent, l’intégralité du travail s’est fait en ligne et en télétravail » explique-t-il. L’AEP a repris ses activités de manière progressive à partir du 27 avril 2020 et « les principales missions menées sont : le soutien aux emprunteurs par le biais d’appels téléphoniques réguliers, d’une assistance technique et de la mise en place d’un examen approfondi de la situation de chaque bénéficiaire afin d’adapter et de mettre en œuvre les mesures de soutien (assouplir les conditions de la dette que les emprunteurs ne peuvent plus payer lorsque leurs économies diminuent, suspendre les remboursements, restructurer les prêts existants, accorder des réductions de frais de dossier, modifier les échéances de remboursement pour réduire les mensualités) » conclut-il.

 

Emmaüs Pahou  (Bénin

Depuis l'arrivée du coronavirus au Bénin, la vie de la population a été bouleversée. Fin mars, un cordon sanitaire - regroupant 15 grandes villes - a été mis en place, imposant un confinement partiel. "Tous les groupes du pays sont dans l’emprise du cordon sanitaire ce qui a entrainé dès le 1er avril l’arrêt de la quasi-totalité de nos activités" explique Patrick Atohoun, responsable d'Emmaüs Pahou. "Dans notre groupe, nous avons relayé les mesures barrières du gouvernement, installé un dispositif de lavage de mains et avons offert des masques de fabrication artisanale au personnel du siège. Nous avons suspendu toutes les activités qui nécessitent la rencontre des usagers" raconte-t-il. "En ce qui concerne les activités, 17 compagnes et compagnons sont confinés à la communauté. Cette situation inédite a créé une mobilisation des uns et des autres. “Il nous faut travailler plus pour accroître nos revenus" ajoute-t-il. "L’espoir des compagnons n’est pas pour le moment comblé car les restrictions liées à la crise ne permettent pas la vente régulière de notre production : les marchés sont moins animés et les clients des pays frontaliers n’arrivent plus pour venir chercher nos produits maraîchers" alerte enfin Patrick.

Emmaüs Igualdade  (Brésil) 

Au Brésil, l'épidémie de coronavirus continue de progresser dans le pays alors que le président Jair Bolsonaro campe sur sa position hostile au confinement. "Notre président, contrairement au monde scientifique, à l'OMS, aux gouverneurs et aux maires du Brésil, fait un discours contre l'isolement social déclarant que cela mettrait fin à l'économie du pays et qu'il ne pourrait pas en être tenu responsable. Il descend également dans les rues sans aucune précaution, encourageant les manifestations et les regroupements populaires" alerte Tania Schubert de la communauté Igualdade. Malgré cette crise sanitaire, la communauté a réussi à maintenir ses partenariats avec des supermarchés permettant de subvenir aux besoins des compagnes et compagnons. "Bien que nous ne puissions plus accueillir  personne dans la communauté, nous offrons de la nourriture aux personnes qui frappent à notre porte" raconte-t-elle. "Nous faisons également partie d'un groupe qui s'est organisé dans notre ville appelé "Fortalecendo laços", qui offre des paniers repas aux personnes en situation de rue" ajoute-t-elle. La communauté soutient également des foyers d'accueil, en offrant des meubles, des matelas et d'autres matériaux qu'ils ont à disposition. "Nous espérons pouvoir reprendre nos activités de manière intense dès que cette période de pandémie sera passée" conclut Tania.