Le groupe Emmaüs CAJED (RDC) agit depuis 1992 pour la réinsertion scolaire et professionnelle des enfants et adolescents en rupture sociale. Enfants des rues, enfants soldats, enfants déplacés…. l’équipe les accompagne dans leur processus de reconstruction. Entretien avec Gilbert Munda, coordinateur du groupe.
Pourquoi travailler sur l’éducation ?
Depuis sa création, l’objectif de notre groupe est de restaurer la dignité humaine des enfants défavorisés à travers l’éducation : la formation doit leur permettre de trouver une place dans la communauté. Ce sont des jeunes vulnérables, qui ont un parcours difficile et un fort besoin de se reconstruire. A travers nos actions éducatives (écoles, ateliers, jeux…) nous cherchons à leur apporter une stabilité et à consolider la paix.
Qui sont les jeunes que vous accompagnez ?
Nous accueillons 800 jeunes entre 6 et 17 ans dans une école primaire et secondaire ou en formation professionnelle. Certains viennent de la population environnante, mais la majorité sont en rupture familiale ou communautaire, en conflit avec la loi, sortis des groupes armés, déplacés etc. Nous suivons également 860 autres jeunes vulnérables dans les territoires ruraux éloignés de CAJED. Nous les orientons vers les structures locales, scolaires ou professionnelles, et suivons leur parcours.
De quels moyens humains bénéficiez-vous pour ces missions ?
L’équipe pédagogique est constituée d’une trentaine de personnes. CAJED compte aussi 30 assistants sociaux pour accompagner et aller à la rencontre des enfants en situation difficile, surtout dans les rues de Goma.
Au-delà de la formation, l’équipe organise également des activités transversales qui vont de l’animation culturelle à la défense des enfants en conflit avec la loi ou accusés de sorcellerie.
Quelle sont les actions spécifiques mises en place pour les « enfants soldats » ?
Nous accueillons dans un centre de transit et d’orientation (CTO), pendant 3 mois minimum, des enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA). Ils nous sont orientés par la MONUSCO (Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC). Depuis 2005, près de 6 300 ESFGA sont passés dans le CTO. Actuellement, on y compte 75 enfants en attente de réunification familiale. 23 d’entre eux, dont 9 filles, sont en familles d’accueil transitoire.
Au-delà de la prise en charge classique (vestimentaire, sanitaire etc.), notre mission avec eux est essentiellement la médiation familiale : les équipes du CAJED préparent ces enfants à regagner sans heurts leurs familles à travers un accompagnement psychosocial et pédagogique. L’éducation prend cette fois une tournure particulière : nous devons aussi leur apprendre la paix et la cohabitation pacifique.
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