Emmaus International

En janvier 2016, une délégation d’Emmaüs International est partie en mission à l’association Emmaüs Thanapara Swallows au Bangladesh, pour mesurer notamment les avancées des actions de santé menées dans cette région isolée où la population ne bénéficie pas de l’accès aux droits basiques. Par ses multiples actions et son fort ancrage dans le village, Emmaüs Thanapara vient remédier autant que possible à ces besoins fondamentaux.

Thanapara Swallows Development Society est une association née dans les années 70 suite aux massacres de l’armée pakistanaise dans la région. Elle compte aujourd’hui 92 salariés, éducateurs, instituteurs, coordinateurs, équipe administrative… Si l’artisanat « commerce équitable », avec plus de 200 producteurs, reste l’activité économique principale de l’association celle-ci remplit de nombreuses autres missions : éducation (écoles formelle et informelles), sensibilisation à des techniques agricoles respectueuses de la terre, prévention des violences conjugales, écotourisme, microcrédits et accès à la santé, cette dernière étant menée en particulier dans le cadre des axes politiques d’Emmaüs International.

Le groupe gère en effet depuis 5 ans une mutuelle santé comme programme pilote d’Emmaüs International dans la région Asie. Elle compte à ce jour quelques 450 adhérents, essentiellement des producteurs (employés des ateliers) mais aussi les équipes de l’association, les élèves de l’école…. Au Bangladesh, le système de santé public embryonnaire peine à atteindre les zones rurales. Les habitants de la région de Thanapara ont difficilement accès aux soins et à un suivi médical. Ceux qui réussiraient à surmonter la distance pour se rendre dans les centres dédiés ne disposeraient de toute façon pas de moyens suffisants pour rémunérer les services de santé privés. Sans parler de l’absence de prévention ou sensibilisation.

1601 Shelim pharmacienChaque mutualiste paie une cotisation minime : 10 takas par mois et par personne, soit 0,2% du salaire bangladais moyen. Une fois affilié, chacun peut accéder au dispensaire où officie Shelim, pharmacien (photo). Celui-ci distribue des médicaments -payés 30% de leur prix par les bénéficiaires-, effectue des tests génériques (diabète, tension…) et oriente les patients si nécessaire. Lorsque l’on sait que l’hôpital public le plus proche se trouve à plus d’1/2h en voiture, il est facile d’imaginer à quel point cet établissement, ouvert 6 jours sur 7, est essentiel. D’ailleurs, 15 à 20 personnes s’y rendent chaque jour. Si des cas plus graves se présentent, l’hospitalisation peut être prise en charge, ainsi qu’une partie des frais de médicaments.

En parallèle, des actions de prévention sont menées : groupes de parole, camps de santé réguliers, où un spécialiste (ophtalmologue, gynécologue…) vient effectuer sur une journée des consultations gratuites pour les adhérents. Chacun de ces camps permet ainsi à une quarantaine de personnes de bénéficier de soins spécifiques.
Si aujourd’hui la mutuelle est encore loin de l’autosuffisance économique (environ 25 %), l’implication des mutualistes est, elle, remarquable. Même si à la suite de la crise économique mondiale Thanapara a perdu d’importants clients, fragilisant les revenus des salarié-é-s de l’unité de production, les mutualistes ont malgré tout décidé de donner chacun une journée de salaire par an à la mutuelle pour bénéficier d’un service santé supplémentaire. Un engagement économique extrêmement fort dans cette région où sévit la misère. L’implication des mutualistes est  satisfaisante : 9 représentants des mutualistes sont élus, dont plus de la moitié sont des femmes. Ils travaillent dans un climat de confiance pour maintenir en place ce système de solidarité vital à la communauté locale.

1601 Shelim pharmacien et Raihan Ali