Emmaus International

Stéphane Drechsler est le fondateur d’Emmaüs Cologne (Allemagne) et a été Vice-Président d’Emmaüs International de 1991 à 1996. En 1969, il a participé à la première Assemblée mondiale d’Emmaüs, qui a réuni 70 associations Emmaüs de 20 pays à Berne (Suisse). Il partage quelques souvenirs.

Quel était le but de cette première Assemblée mondiale ?

A cette époque, seul le fameux carnet de l’abbé Pierre répertoriait les adresses de toutes les organisations Emmaüs du monde. Par ailleurs, l’abbé Pierre avait failli mourir noyé en 1963 dans le naufrage d’un bateau sur fleuve Río de la Plata (entre l’Argentine et l‘Uruguay), alors qu’il y visitait les organisations Emmaüs d’Amérique latine. S’il était mort à ce moment-là, les organisations Emmaüs du monde entier n’auraient eu aucun contact les unes avec les autres, et n’auraient peut-être même pas connu leur existence mutuelle.
L’abbé Pierre voulait également éviter que le Mouvement ne repose que sur sa personnalité. La création d’une organisation bien structurée et laïque lui semblait donc essentielle.

Cette première Assemblée a réuni environ 70 organisations Emmaüs venues de 20 pays. Certaines organisations se rencontraient pour la toute première fois. L’Assemblée s’est déroulée au Parlement Suisse, et c’est Marcel Farine, qui deviendra le premier Président d’Emmaüs International, qui avait la charge de modérer cette rencontre. Grâce à ses expériences professionnelles, Marcel Farine a tenté de donner à ce Mouvement une structure plus claire.
Un comité temporaire a été désigné pour mettre en place un Secrétariat International : ce dernier aurait la tâche de préparer les statuts du Mouvement international, qui seraient votés à la prochaine Assemblée mondiale, en 1971, à Montréal.

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Quel est ton souvenir le plus marquant de cette Assemblée mondiale ?

J’étais un des plus jeunes participants à l’Assemblée mondiale. Je me souviens que j’ai été très impressionné de rencontrer des personnes qui avaient été prisonniers dans des camps de concentration sous le régime nazi allemand. Et pourtant, en tant qu’allemand, j’ai été accepté comme un partenaire égal. Nous avions un combat commun : nous battre pour plus de justice dans nos sociétés.

Comment cette Assemblée mondiale a-t-elle fait évoluer Emmaüs ?

Cette Assemblée nous a surtout permis d’adopter le Manifeste Universel, qui est encore aujourd’hui le texte fondateur du Mouvement. Ce texte est devenu la condition principale du travail d’Emmaüs.
Un texte élaboré à partir des différentes contributions des groupes nous a été présenté, puis nous l’avons discuté et voté durant les derniers jours de l’Assemblée mondiale.
Il fallait faire en sorte que le texte soit suffisamment clair pour nous, mais aussi pour le public dans le monde entier. Et en même temps, il fallait qu’il soit le plus ouvert possible pour permettre à chacun de le comprendre, quelques soit son pays, sa culture ou son continent. 

Qu’est-ce que les organisations Emmaüs du monde ont retenu de cette première
rencontre ?

Pour nous, participants, il était évident que la nouvelle structuration du Mouvement allait nous aider à renforcer les engagements entre les groupes, coordonner les actions de solidarité, tout en continuant toujours de se tourner vers les plus souffrants.
Nous avons mieux compris comment soulager la misère, mais également comment s’attaquer aux causes de l’exclusion et de l’extrême pauvreté. Cette Assemblée nous a confortés dans le fait que nous voulions faire partie d’un tel mouvement de solidarité et d’action à l’international.

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